Encore un très grand Championnat d’Europe

A l’heure où j’écris ceci, l’Organisation canine tchèque (CMKU) met la dernière main aux préparatifs de l’exposition canine de la Section Europe (EDS) de la FCI à Brno. Le nombre d’inscriptions est impressionnant : près de 15.000 chiens + ceux qui participent au circuit d’expositions des clubs de races.

Le CMKU, fondé en 1991, a aussi organisé l’EDS, qui s’était tenu à Brno également. Il a l’expérience de ce genre d’événement ; je suis certain que son organisation est entre de très bonnes mains, et que la Section Europe sera fière de l’événement une fois que les résultats seront connus.

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Jørgen Hindse
Président de la Section Europe de la FCI
Mission: Impossible Possible

Le sauvetage des animaux – qui implique également de les remettre sur pied et de leur trouver un nouveau foyer – reste l’une des difficultés majeures auxquelles les organisations pour le bien-être animal sont confrontées au sein des sociétés civilisées. Mais pourquoi ne pas s’atteler à la même tâche dans les endroits les plus rudes et les plus dangereux de la planète ? La ruralité et le danger n’excluent pas l’existence d’animaux errants – bien au contraire. Et cependant, des organisations luttent avec succès en Afghanistan ; tout est parti d’une amitié vraiment pas ordinaire.


Entretien exclusif avec Pen Farthing autour d’une mission plus qu’accomplie.


Votre histoire avec Nowzad Dogs (Les chiens de Nowzad) a débuté il y a quelques années, quand vous avez été déployé en Afghanistan. Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est passé, comment vous avez rencontré le chien à l’origine des événements inattendus qui ont suivi ?

Je servais dans le corps des Commandos de la Royal Marine britannique dans la ville de Now Zad, dans la province d’Helmand, courant 2006 ; un jour, nous rentrions d’une patrouille hors de notre Base d’opérations avancée quand je me suis trouvé nez à nez avec la Police nationale afghane en train d’assister à un combat de chiens qu’elle avait organisé.

Je n’étais pas en Afghanistan pour assister à des actes de cruauté envers les animaux ; j’ai donc interrompu le combat et j’ai vu un des chiens s’enfuir vers notre campement pour y chercher refuge et s’y cacher.

Après l’avoir trouvé, j’ai essayé de l’attirer hors de sa cachette avec de vieux biscuits militaires, mais sans succès. Ensuite, il a compris que je ne lui voulais pas de mal, et en l’espace de quelques jours, nous étions devenus de grands amis. Je l’ai appelé Nowzad parce qu’il était en aussi piteux état que la ville que nous défendions. « Nowzad » m’offrait chaque jour cinq minutes de répit, où je pouvais m’asseoir, me détendre et oublier que j’étais en Afghanistan. Inutile de dire qu’après avoir eu ce chien à mes côtés pendant toute ma période d’affectation en Afghanistan, je n’ai pas pu supporter l’idée de l’abandonner ; j’ai donc dû mettre un plan au point pour le faire venir d’Afghanistan en Angleterre.


Que signifie « Nowzad » exactement ?

En fait, c’est du farsi, et ça veut dire nouveau-né.


Avez-vous eu beaucoup de difficultés à ramener Nowzad le chien avec vous au Royaume-Uni ?

Avant moi, personne n’avait jamais fait voyager un chien entre l’Afghanistan et l’Angleterre. Nous avons dû le transporter clandestinement jusqu’à Kaboul (parce que l’armée ne voulait pas nous aider), puis il a quitté Kaboul pour Londres, où il est resté en quarantaine. Cela a pris plusieurs mois, et coûté beaucoup d’argent.


Avez-vous une idée du nombre exact de chiens que des soldats britanniques ont adoptés et rapatriés au Royaume-Uni au fil du temps ?

A ce jour, l’action caritative de Nowzad Dogs a aidé plus de 650 soldats servant sous la bannière du Royaume-Uni, des Etats-Unis, du Canada, des Pays-Bas, de l’Italie, de l’Australie et de l’Afrique du Sud à rapatrier les chiens (ou chats) auxquels ils s’étaient attachés sur le front en Afghanistan.


Il n’est donc pas rare que des marines et des soldats se lient d’amitié avec des animaux errants. Pourquoi ces liens sont-ils importants au point que ces gens mettent de tels moyens en œuvre pour ramener ces animaux avec eux quand ils reviennent de leur mission à l’étranger ?

Ces chiens offrent aux soldats quelque chose qui leur manque cruellement sur le champ de bataille : un sentiment de normalité, un peu de répit dans la situation surréaliste dans laquelle ils se trouvent. Les chiens aident les soldats à supporter le stress quotidien, et abandonner ces animaux à la fin de leur période d’affectation, c’est quelque chose que les soldats ne peuvent tout simplement pas envisager.


Dans quelles conditions les chiens vivent-ils en Afghanistan ? La société se soucie-t-elle du bien-être animal ?

C’est déjà assez dur pour les gens de survivre en Afghanistan, alors ne parlons pas d’essayer de s’occuper de chiens et chats errants ! Mais notre action commence à être connue, et certains Afghans viennent désormais nous confier des animaux blessés qu’ils ont trouvés. Notre clinique de Kaboul emploie quatre Afghans dont nous avons assuré la formation vétérinaire, et qui peuvent réaliser de petites opérations de chirurgie animale. Notre principale mission consiste à restreindre la population des chiens errants aussi humainement que possible ; avec un peu de chance, nous espérons aussi éradiquer la menace que représente la rage.


Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour ouvrir votre refuge pour chiens et chats errants là-bas ?

Ouvrir le refuge, ça a été le plus facile – trouver les financements nécessaires, c’est autre chose ! Nous ne survivons que grâce aux dons généreux d’un grand public généralement acquis à la cause des chiens.


Pouvez-vous nous faire découvrir certains des aspects importants et intéressants de l’action de Nowzad Dogs en Afghanistan, et nous expliquer comment vous vous y prenez pour trouver un foyer pour ces animaux ?

Nous sommes toujours stupéfaits de voir à quel point les chiens qui sont confiés à nos soins sont amitieux en dépit des blessures terribles que leur vaut le fait de s’être trouvés au mauvais endroit au mauvais moment. Dernièrement, nous avons recueilli « Noël », un adorable chien noir et blanc qu’on nous avait amené et qui souffrait d’une mauvaise fracture de la patte causée après avoir été heurté par une voiture le jour de Noël. Nous n’avons pas eu d’autre choix que d’amputer la patte blessée, mais Noël est retombé sur ses (trois) pattes, et il adore littéralement la compagnie des gens !

Je me souviens aussi du soldat Conrad Lewis, de la British Army, qui prenait soin d’un chien baptisé Peg. Dans ses lettres à sa famille, Conrad n’arrêtait pas de parler de Peg et de la manière dont elle l’aidait à gérer le stress lié à son déploiement en Afghanistan. Malheureusement, Conrad a été tué, mais ses parents nous ont immédiatement contactés pour voir s’ils pouvaient sauver Peg et la faire venir en Angleterre. Ça n’a pas été une mince affaire, mais aujourd’hui, Peg fait partie intégrante de la famille Lewis, ici, au Royaume-Uni.


Vous avez publié deux livres qui racontent ces histoires dans le détail, et un troisième vient juste de sortir. Quels épisodes de votre aventure ces livres relatent-ils ?

One Dog at a Time (Un chien à la fois) suit Nowzad « sur la pointe des coussinets », depuis notre rencontre jusqu’à la fin de son périple vers l’Angleterre.

No Place like Home (Rien ne vaut son chez-soi) décrit comment Nowzad s’est adapté à la vie en Angleterre, et mon expédition pour créer un refuge en Afghanistan.

Le nouveau livre sort le 11 septembre ; il s’agit de l’histoire vraie et extraordinaire de Wylie, un chien qui a enduré des actes d’une extrême cruauté en Afghanistan et qui, contre toute attente, a survécu.

Cette histoire incroyable, qui fait chaud au cœur, est celle du destin tragique et du triomphe d’un chien qui n’a jamais perdu espoir.


Quels sont vos projets pour l’avenir de Nowzad Dogs ?

Continuer à lutter pour le bien-être animal en Afghanistan et à sensibiliser aux dangers de la rage tout en gardant, le plus humainement possible, la population des chiens errants sous contrôle. Nous espérons qu’un jour, Kaboul accueillera de nombreux refuges pour animaux qui prodigueront aux petits animaux afghans les soins dont ils ont désespérément besoin.

Mais pour ce faire, nous avons besoin d’aide et de financements ; c’est pourquoi nous sommes très heureux que votre article nous mette à l’honneur – nous vous en sommes très reconnaissants.

http://www.nowzad.com


Interview : Attila Marton